Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                    ÉTUDE SUR LE PATOIS LYONNAIS.             309

de feuillage, devant la porte de chaque jeune fille du ha-
meau, qu'ils invitent à sortir et à venir se mêler avec eux
et danser une ronde autour du mai.
   Encore une de ces traditions disparues du faisceau de
celles que nous a léguées le paganisme. Heureux temps, où
l'homme simple, pieux et bon peuplait la nature entière,
la terre, les bois et les ondes, de divinités protectrices, et
embellissait de poétiques fictions jusqu'à son humble so-
litude !
         Solvitur acris hiems gratâ vice veris et favoni.
         Jatn Cytherea choros ducit Venus ;
         Junctseque nymphis gratiœ décentes
         Altemo terram quatiunt pede.

                      LE CHANT DU MAI
[Le couplet est chanté par un coryphée, puis le chœur reprend :
                      Al est, al est passa...)

        AI est, al est passé çu vilain tian de brima; (1)
        Lo printian est venu, lo mondo se fa biau.
        Lo solaï va craïssant choque jor à la prima (2);
        Plantons, plantons lo mai, vaiqua lo renoviau !

        Le-z-aigue dejallè coront par la prôria,
        Din lo boisson fluri chantonne lo coucou •,
        La natura partot se montre rajunia ;
        Din lo boïs o y-iHtintfpioulô lp rossignou.

        Los champs, qu'êquiant muets, ontrepraï lou parola;
        Tôt chante à l'unisson, lacigôla etl'isiau,
        So le tioule (3) nichia, la vol agi randolla (4);
        L'aluetta, din l'air ; din son trou, lo moniau.

 (1)   Brima, pruina (b pour p), gelée blanche, hiver.
 (2)   La prima (hora), l'aurore.
 (3)   Le tioule, les tuiles, la gouttière.
 (4)   Randolla, rundinella, l'hirondelle.