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                          AUTOUR DE LYON.                         295
     Un croix donc, par eux plantée avec l'appui des populations
  limitrophes, apprenait aux équipages consolés que, là où na-
  guère s'élevait l'idole d'une divinité avide de carnage, brillait le
  signe de bénédiction d'un Dieu protecteur des hommes; et ils
  passaient joyeux et tranquilles, entonnant ce fluvial céleusma
 qui réjouissait tant Sidoine dès le ve siècle (1).
     Et n'allez pas croire que les nombreuses entraves à la circu-
 lation, qui rendaient l'ouest de l'Europe presque inaccessible
 à l'homme civilisé de l'Etrurie, de la Grande-Grèce,delàHellade
 et de l'Asie, fussent une invention des Celtes. Non, leur organi-
 sation, qui fut reprise au moyen âge, datait du jour où le com-
 merce international prit naissance chez nos prédécesseurs de
 l'âge primordial. Des Mongolo-finnois, premiers occupants, elle
 passa aux Pélasges, aux Ombres, aux Ibères, aux Ligures, aux
 Celtes galliques et cymriques. Sous ces derniers, la riche et
 puissante république de Massalie, pour qui le libre parcours du
 Rhône était d'un intérêt capital, eut plus d'une maille à partir
 avec les riverains du grand fleuve : Sequanes, Arvernes, Edues,
 Allobroges, Volces, Cavares, Voconces, Salyes, Celtes et Ligures
de toute nuance.
    — Bien ! me dit mon interlocuteur enchanté, très-bien ! Si
j'élève parfois des doutes sur la réalité de quelques-unes de
vos assertions celtiques, à celle-ci je ne puis que battre des
mains, et, ma foi, je m'en donne à cœur joie. N'allons-nous pas
maintenant à Ivours?
    — Oui, le voici qui déjà se montre à travers ces longues
lignes defeuillage. Mon digne ami, je suis obligé de vous l'avouer,
nous tombons de Carybde en Sylla, c'est à dire de Celtique en
Celtique, tout ce qu'il y a de plus Celtique.
    — Yvours 1


             (1) Curvorum hinc ripis helciariorum

                 Ad Christum levât amnicum celeutma.
                                  Sidon., Epit. II, 10.