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                       LE BOUQUET FATAL.                          255

   Les funérailles de ce jeune et infortuné savant furent dignes
des hautes espérances qu'il avait données. Tous les professeurs
de l'Ecole de médecine, les majors et les médecins de la
Pitié et de la Charité, une foule considérable d'étudiants accom-
pagnaient le cercueil de cet élève et de eet ami qu'ils considé-
raient déjà comme un maître. On proclamait bien haut que ja-
mais, depuis Bichat, tant de science et de divination ne s'étaient
rencontrées dans un être aussi jeune.
   Sa supériorité était de celles dont l'évidence épargne à celui
qui en est doué les rescifs de la jalousie. Aussi fut-il regretté
aussi fort qu'il avait été apprécié et aimé, et chacun pleurait ce
trésor d'avenir emporté dans les plis d'un suaire.


                               XII.

     Lettre de Florimond de Larnae à Raoul d'Olivais.

               Château de Larnae, par Uzès (Gard), le 5 octobre 1847.



   « Je saisis pour tracer ces lignes un de ces rares moments
où le mal affreux qui me dévore me laisse un peu de cesse et
de relâche. Je sens trop que mes jours sont comptés, et que
cette saison qui fait cheir les feuilles me verra tomber aussi.
A toi donc, mon meilleur ami, mes dernières confidences.
   a Par ta famille et par la mienne, tu connais l'horrible et
mystérieux supplice auquel je suis livré. Mon être s'en va
émietté chaque jour dans d'effroyables souffrances. Tu en as
contemplé les débuts ; depuis mon départ de Paris, elles n'ont
fait que s'accroître jusqu'à ce degré qui fait implorer la mort
comme une délivrance. J'en suis là.
   « C'est pourtant depuis cette déplorable scène du cimetière
Montparnasse que je ressens les atteintes de ce mal insondable
que nu! médecin ne devine et ne peut dompter. C'est depuis....
Pauvre et malheureux jeune homme ! C'est sa mort, sans doute,