Revue du Lyonnais » série 3 - n°10 ( 1870 ) » pp.224

224                ÉTUDE SUR LE PATOIS LYONNAIS.

   «Et veï, mos frôre, celle diminge, celle fête que vo faut de
vaï tant maronô, quand le u'ariant d'autro merito que de
vo forci à vo reposo, à vos occupo un pou de vo-mêmo, et à
netteï et à tôt betô in'ôdre vai chi vo, qu'o serit dija de se
chousa bonna et Iouôbla. Mais o y a mieux qu'iquin incore,
et in vo forçant à assisté avoi recullimint ous officios et à
praitô Forilli ous instructions que s'y fant, o vo fa, magrô
que vo n'eï, rintrô in vo-mêmo, et appindre qu'o a y in vo
quouque chousa que ne meurt po avoï lo corps après qu'i
Tant betô in terra. Çu quouque chousa, çu ne sai que, mos
frôre, o v'est celi'etincella dou fuët divin que Dieu a sofflo
in no quand a formit Adam dou limon de la terra; voutron
ôma faitiàson imôgi et ressimblinsa, et que vo devi vos ef-
forci de consarvo non solamint esinti dépêché et de soilluri,
mais inrichia outant que faire se pot de bonne z'oure et de
qualités de tote sorte, si vo voli participé à la recompinsa
qu'ai a prometua à sos élus, et que je vo soato à tous, ou
nom dou Pore, dou Fi et dou Saint-Esprit.            ômin. »


   Pour clore ici ces réminiscences de prose romane, que
le lecteur, je le crains, aura trouvées peut-être bien fasti-
dieuses, je fais suivre ce fragment d'homélie (1) rustique,

n'est pas retenu par la crainte de Dieu, lésera bien moins encore par la
crainte des hommes, et, qu'ainsi que le dit le poète qui a chanté la con-
quête du tombeau du Christ :
          Non è dar fede a chi a Dio la negghi.
   (t) L'homélie, du grée ojit'Ua, entretien familier, conférence, n'étaitdans
les premiers siècles du christianisme, qu'une sorte de causerie intime,
adressée, du jubé ou de l'autel, par le prêtre, au peuple assemblé pour as-
sister aux saints mystères, au lieu d'une composition oratoire selon tou-
tes les règles, comme cela se pratique aujourd'hui. Ce qui n'empêchait
pas le prédicateur, sous la pression d'un saint zèle, et comme emporté par
son sujet, de s élever parfois à une grande hauteur d'éloquence. Témoin
les Homélies de saint Jean Chrysostôme, restées comme un modèle du
genre. C'était une prédication, comme' cela se pratique encore dans les