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ÉTUDE SUR LES TABLES CLÀUDIËNNES. 205 et parmi les particiens de Rome. Cet exemple domestique me dit qu'il faut m'attacher au même plan, et transporter dans le Sénat ce que chaque pays aura produit de plus illustre : car je n'ignore point qu'Albe nous a donné les Jules, Camerium les Corunconius, Tusculum les Porcius, et, sans fouiller dans ces antiquités, que l'Étrurie et la Lucanie, que l'Italie entière nous ont fourni des séna- teurs ; qu'enfin, peu contents d'adopter quelques citoyens isolés, nous avons prolongé l'Italie même jusqu'aux Alpes, afin d'associer les nations et les contrées à la domination romaine. Ce fut une époque de tranquillité profonde au dedans et de gloire au dehors, quand nous allâmes cher- cher des citoyens au-delà du Pô ; quand, pour réparer l'épuisement que causait à l'empire le transport de nos légions sur toute la terre, nous y incorporâmes les plus braves guerriers des provinces. Regrettons-nous d'avoir pris à l'Espagne ses Balbus et à la Gaule narbonnaise tant d'hommes non moins illustres ? Leur postérité subsiste encore, et leur amour pour cette patrie ne le cède point au nôtre. Pourquoi Lacédémone et Athènes sont-elles tombées, malgré la gloire de leurs armes, si ce n'est pour avoir toujours exclu de leur sein les vaincus, tandis que notre fondateur Romulus, bien plus sage, vit la plupart de ses voisins, le matin ses ennemis, le soir ses concitoyens? Des étrangers ont régné sur nous ; des fils d'affranchis ont été magistrats ; et ceci ne fut "point une innovation, comme on le croit faussement : ce fut un usage fréquent des premiers siècles. Mais les Sénonais nous ont fait la guerre ! Apparemment que les Volsques et les Eques ne nous ont jamais livré de batailles ? Les Gaulois ont pris Rome ; mais nous avons livré des otages aux Toscans, et nous avons subi le joug des Samnites. Encore, si nous parcourons l'histoire de nos guerres, verrons-nous que H