Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                            NÉCROLOGIE.                          181
mélancoliquement l'autre côté de la rampe que nous montions
jadis ; nous nous apercevons alors à des signes de plu3 en plus
certains, de notre fragilité, du peu que nous sommes ici-bas où
nous ne faisons que passer, de notre dépendance de Celui qui
nous tient tous, mais qui nous donne encore alors une preuve de
sa bonté en faisant rebriller sa lumière à nos yeux, lorsqu'il
n'est pas loin de nous rappeler à lui.
    En admettant que le docteur Fraisse ait, lui aussi, comme
tant d'entre nous, traversé la période de cette bourrasque pas-
sagère qui a dû tourmenter son âme, nous devons constater que
s'il fouettait avec la lanière d'un Juvénal, les parades hypocrites,
et les calculs intéressés si communs de nos jours, des fausses
dévotions, il admirait sincèrement, à haute voix, nous dirions
presque avec chaleur et enthousiasme, les piétés vraies et so-
 lides, telles qu'il avait raison de les comprendre. Nous ne citerons
 qu'un exemple, notoire dans notre ville.
    Collègue pendant de nombreuses années, soit au bureau de
 bienfaisance de son quartier, soit au conseil des jeunes orphelins
 du Chemin-Neuf du respectable M. Boue, curé de la paroisse
 d'Ainay, décédé en 1868; le rencontrant encore bien souvent
 chez les sœurs de Saint-Vincent-de-Paul de la rue Bourgelat dont
 il était lui-même le médecin, il entourait d'une vénération affec-
 tueuse, presque d'un respect filial, ce digne prêtre. Son estime
 était grande aussi, et sans réserve, pour d'autres ecclésiastiques
 vivant encore, et que pour cette raison nous ne nommerons pas.
 11 était heureux de les citer tous, à l'occasion, comme des mo-
 dèles.
    Si M. Fraisse s'honorait publiquement d'une telle affection
 pour le défunt curé d'Ainay, disons-le sans hésiter, c'est qu'il
 lui ressemblait au moins en un point, celui de son ardeur évan-
 gélique à faire le bien, à soulager les souffrances, et cette ardeur,
 dans le langage catholique, c'est la Charité.
    Si la Charité, nous répétons à dessin ce mot venu sous notre
  plume, inspira Charles Fraisse depuis sa jeunesse et quelquefois
  d'une manière héroïque comme aux choléras de Paris et de