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166 LE BOUQUET FATAL.
notes fausses dans une sonate. Ces notes venaient troubler le
concert de ses pensées et de ses souvenirs.
Il s'arrêta instinctivement et prêta l'oreille à ces voix qui
s'échauffaient par degrés.
Nous nommerons de suite les interlocuteurs pour mieux faire
saisir cette scène ; nous croyons devoir reproduire le dialogue
dans sa brutale crudité.
FRISETTE.
Raoul, tu ne supporteras pas cela. J'ai vu le bouquet la pre-
mière ; iî est à moi, je le veux.
LUCETTE,
Plus que ça d'exigence ! Voyez-vous cette délurée ! elle vous
prendrait le morceau dans la bouche !
FRISETTE.
De quoi ! avec tes airs de sainte n'y touche, tu yeux tout
avaler ; mais cette fois, nenni ! j'ai trop raison.
RAOUL D'OLIVAIS.
Voyons, mes aimées! un peu de sang-froid, que diable, il
faut
LUCETTE (l'interrompant).
C'est trop fort! elle ment impudemment. Ces fleurs, je suis la
première à les avoir vues, à preuve que dans le moment Fri-
sette se querellait avec Raoul.
FRISETTE .
Tu en as menti ; je parlais à Florimond.
FLORI5ÃŽOND CE LARNAC.
Halte là mes princesses ! Àvez-vous bientôt fini de vous que-
reller ?
RAOUL D'OLIVAIS.
C'est le cas de chanter : tu n'auras pas ma rose ! {Il fre-
donne).