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              IE PAGE DU BARON DES ADRETS.              99

   Deux jours après, remis par les tendres soins qui
l'entouraient, Beaumont se promenait mélancolique sur
le parvis de la vieille cathédrale. Des pensées nouvelles
l'agitaient. Son esprit cherchait un autre but à son acti-
vité, son regard avait, perdu sa férocité et son front ses
plis farouches. Il songeait au royaume déchiré, aux pro-
testants jaloux, à Condé aussi ingrat que les Guise, à
Soubi.se gouvernant Lyon, remplaçant la sévérité par la
tolérance, et conquérant les coeurs même des catholiques
les plus endurcis par les charmes de la vicomtesse d'Àu-
beterre. On ne parlait que de cette délicieuse femme
dont chacun soilicilail un regard. Les dames lui faisaient
une cour comme à une reine, et quelques mots gracieux
lui faisaient une popularité plus grande que toutes les
victoires du baron. Puis il songeait, le cœur serré, à
Blancon parti sans son ordre pour les Étals du duc de
Savoie. Car il le savait, maintenant, il avait été le jouet
d'une hallucination, d'un rêve; Blancon n'était pas mort;
Blancon n'avait pas reçu le coup d'épée qu'il lui portait ;
Bîancon aimait Marianne et il était allé la rejoindre avec
la permission de Soubise, seul maître désormais de Lyon.
Que de changements partout ! En France, où les catho-
liques reprenaient le dessus, à Lyon, où le vainqueur de
Valence et du midi était éclipsé par une femme; dans
son cœur où Marianne ne régnait plus, dans son affec-
tion où Blancon n'avait plus la première place! et main-
tenant, quelle ligne de conduite allait-il tenir? quel rôle
allait-il jouer. Quel était son avenir ?
  Il en était là de ses réflexions, quand le bruit d'une
cavalcade se fit entendre. Beaumont leva les yeux.
  Un éblouissement faillit le renverser ; une troupe de