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J'ai été contraint par l'ouvrage d'Arles en France (suite de récits par Jules Canonge),
mais le voilà fini et je veillerai à la chose de manière à l'adoucir et à n'effaroucher aucune
susceptibilité ».
      La France littéraire pouvait bien, pourtant, être mise entre toutes les mains. La
Cité humaine, « discours sur les révolutions universelles », par B. de B., qui y paraissait
alors et que Peladan jugeait « un travail de maître », était une œuvre plus que sérieuse,
d'une lecture évidemment ardue.
      Dans le courant de l'année 1857, Peladan entretient son confrère grenoblois des
bruits en circulation et des personnages politiques en vue. Il lui parle de Berryer, « qui
reste encore l'homme tendant la main à Guizot » et « n'a pas plus de jugement qu'un
enfant » ; de Veuillot, « tellement frappé, qu'il croit voir des machines infernales par-
tout » ; du « cocardier » de Falloux ; de Montalembert, ce « promeneur de serments » ;
du rapprochement dont on parle entre les Orléanistes et le parti Cavaignac-Charras ; du
complot Tibaldi ; de la veuve du duc d'Orléans, qu'il appelle « la Protestante » l9 et de
l'opposition qu'elle fait aux projets de «fusion», pour ne pas compromettre les droits de
son fils, le comte de Paris.
      Il se réjouit de voir « la fusion ruinée » et les exigences « insolentes » des d'Orléans
définitivement repoussées dans la réponse que le comte de Chambord a faite par écrit au
duc de Nemours.
      « L'appel au peuple (dit-il) était imposé au prince par ses cousins comme condition
sine qua non. L'enseignement est terrible !.. Le Droit national est justifié du coup ! ».
      Depuis, l'héritier des Bourbons est « tout feu et tout braise ». « Cette fois il ne se
laissera pas paralyser par les endormeurs » et sa présence « deviendra le centre d'action
irrésistible... Deux malles sont toujours faites à Frosdhorff, de manière à ne pas avoir
une minute à perdre, le cas échéant ». « Si l'Empereur venait à manquer » le prince se
« jetterait » de suite en France (i e r décembre 1857).
      « Le prince est excellent ; il fera toujours dire d'excellentes choses à tous ses amis.
Mais lui a-t-on dit, contrairement aux impostures de son conseil de ci-devant, que le
Droit national est autre chose qu'une agrégation de têtes folles ou de brouillons. Je ne le
crois pas. Il a fallu l'issue de la fusion ».
      Peladan renseigne son correspondant sur la Gazette de France qui ne tire qu'à 1.800
et sur son directeur depuis 1849, le baron de Lourdoueix ; sur les chefs du parti dans les
 départements du Midi où quelque chose doit « se tenter », où l'on s'occupe d'une
« résistance ouverte ». Un des agents légitimistes les plus actifs, que Peladan appelle
 Léo de L. ou Léo, est très populaire et ferait « un vrai général » ; mais on le « laisse à
Vaucluse »! Léo vient à Lyon en juillet 1857 et prédit au directeur de la France littéraire
 une crise financière qui amènera « des événements ». La crise est fatale, « les valeurs
nominales étant mille fois plus considérables que le numéraire disponible ». Quoiqu'il
 arrive, Léo, « notre courageux ami », est prêt à agir.
       Il est encore question, dans les lettres de Peladan, d'un procès que le comte de


    19. La princesse Hélène de Mecklembourg-Schwerin.