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268              UNE VISITE ARCHIÉPISCOPALE

diminua point, et avant de s'éteindre, dans l'exil, où l'avaient
jeté son amour pour la justice et sa haine de l'iniquité,
l'invincible Grégoire VII le désigna, avec l'abbé du Mont-
Cassin et le cardinal d'Ostie, Odon de Chatillon, comme
le: plus apte à maintenir l'indépendance delà papauté, contre
l'ambition (les Césars germaniques, comme le plus habile à
manœuvrer le gouvernail de la barque de Pierre, au milieu
de l'affreuse tempête, déchaînée de toutes parts. Des trois
 noms recommandés, les cardinaux préférèrent le premier et
ils offrirent la tiare à l'abbé Didier, désireux d'éviter toute
complication venant d'un interrègne trop long. Mais ils se
heurtèrent à une timidité inouïe, à une résistance irréduc-
tible; afin de se soustraire à toute sollicitation, afin d'éviter
la surprise d'une nomination forcée, Didier courut se cacher
 au fond de son monastère; il consentit cependant à en sortir,
 dix mois après, et se rendit à Rome, persuadé que personne
 ne songeait plus à lui et que les électeurs acclameraient,
 sans objection et d'emblée, l'ancien légat d'Allemagne,
 l'ancien moine de Cluny, le cardinal Odon.. Mais dans
l'intervalle, l'archevêque de Lyon avait franchi les monts;
 fort de là désignation du pape défunt, il avait commencé,
 avec un autre ex-légat, cardinal des plus influents et des
 plus politiques, Richard, abbé de Saint-Victor de Marseille,
 à nouer des intrigues, à former un parti, à recruter des
 adhérents, à tout préparer enfin, pour tourner à son profit
 une vacance qui se prolongeait indéfiniment, au sérieux
 dommage de la paix et au contentement de l'anti-pape
 Guibert, maître à peu près de la cité tout entière. Ses inten-
 tions étaient droites sans doute, dépourvues d'ambition
 peut-être ; mais la conduite qu'il tint, eut moins de fran-
 chise que son caractère ne l'aurait fait supposer. D'un côté,
 il pressait Didier de se résigner aux vœux des plus sages