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248                  LA VÉNUS DE MILO

sous le charme, de la communication faite par M. Ràvais-
son, quand elle reçut du Directeur du musée de Berlin
une réclamation de priorité pour la même reconstitution,
en faveur d'un professeur de Leipzig.
   Celui-là était plus pratique, il arrivait avec des bras arti-
culés et brûlait de les voir entrer en fonctions ; la position
de ces bras aurait cet inappréciable avantage de pouvoir se
modifier au gré des visiteurs : un gardien serait spéciale-
ment chargé d'en faire jouer le mécanisme.
   Voyez-vous d'ici la commisération profonde, avec laquelle
on regarderait ensuite les autres statues condamnées à une
immobilité complète?
   L'exemple serait contagieux, nos musées de sculpture
deviendraient des galeries de tableaux vivants : nous verrions
bientôt Jupiter hocher la tète, Junon froncer les sourcils,
Hercule filer et l'Amour toujours prêt à lever le pied !
   De cette joyeuse perspective, à charger un orthopédiste
en renom de poser des bras mécaniques à la Vénus de Milo,
il ne s'en faut que d'une autorisation ministérielle.
   Le jour où elle arrivera, je vous avoue que les bras m'en
tomberont et à beaucoup d'autres aussi.
   Mais combien de fois, déjà, avons-nous laissé tomber
nos bras en présence de pareilles surprises, et nous sommes-
nous empressés de les ramasser, tant est impérieux, — chez
nous, — le besoin de nous en servir ?

                                            Léon MAYET.