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î'fy NÉCROLOGIE Sa carrière brisée, l'ancien magistrat revint â ses amis d'enfance, à son pays natal, à sa chère province qui lui avait donné une compagne digne de lui. Il s'y ensevelit dans une silencieuse retraite dont ses compatriotes, qui connaissaient sa valeur, eurent peine à le tirer un instant pour tenter les chances, malheureusement trop faibles, d'une candidature au Sénat, en 1888. Sa parole toujours claire, franche, saisissante, ne parvint pas à dessiller les yeux prévenus des électeurs. Sans éprouver le moindre regret d'un échec honorable, mais quelque peu pressenti par lui, il se voua désormais aux bonnes œuvres, à la gestion des intérêts paroissiaux et scolaires de Limoges, à l'adminis- nistration municipale d'un village voisin qu'il aimait entre tous; H se fit l'obligeant conseiller des petits, des pauvres, des faibles qu'attirait autour de lui la renommée de son savoir et de sa charité. Chrétienne par le baptême et l'édu- cation, mais épurée, ennoblie, presque sanctifiée par l'ad- versité, son âme s'éleva dans sa dernière maladie jusqu'aux splendides clartés de la foi. Elle y puisa la résignation et le courage que ne donne pas toujours la seule sagesse humaine, alors même qu'elle est soutenue, dans l'intimité du foyer conjugal, par les exemples les plus persuasifs et les plus touchants. C'est ainsi qu'il attendit paisiblement la mort, bien préparé à l'accueillir lorsqu'elle viendrait le surprendre. L'une de ses dernières pensées fut à quelques- uns de ses collègues : la nôtre, pieuse et attendrie comme celle de ses anciens collaborateurs, ne lui manquera jamais. Henri BEAUNE.