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                  DE CHARLES DELESCLUZE                    283

   M. Baudin n'aura pas à s'occuper des frais que peut en-
traîner l'élection; ils seront supportés par les électeurs.
   Je compte sur votre obligeante exactitude pour ne pas
perdre de temps; nous allons être surpris par les élections
et il faut agir d'avance afin d'être préparés pour les débuts
de la période électorale.
   J'ai connu personnellement Alphonse Baudin; nous
avons eu les meilleures relations à la solidarité républicaine
dont j'étais le fondateur et dont il était membre. J'ai donc
quelques droits à la confiance de son frère, et je ne crois pas
qu'il puisse m'accuser d'indiscrétion, en lui demandant la
lettre dont je parle plus haut et qui devrait m'être adressée.
   Sur ce, cher citoyen, je vous envoie avec mes remercie-
ments pour le passé et l'avenir, l'assurance de mes meil-
leurs sentiments.
   Tout à vous,
                                     Ch.   DELESCLUZE.


   P. S. — J'ai à répondre deux mots à propos de Quinet.
Il a pour excuse d'obéir à deux natures différentes. Tantôt
on retrouve chez lui la plus haute raison, un style magis-
tral, tout ce qui peut enfin faire aimer la vérité. Tantôt il
semble manquer du bon sens le plus ordinaire, de l'équité
la plus vulgaire. Il frappe sur ses amis, calomnie la Révolu-
tion sans motif; on dirait vraiment qu'il ne garde rien de
son excellent esprit.
   Cela n'empêche pas qu'il n'ait des titres sérieux à la con-
fiance du parti. Mais, après avoir anathématisé la France et
ceux qui y rentraient, est-il décidé à revenir, à accepter une
candidature ? Personne ne sait, et vous-même vous n'êtes
pas plus avancé que moi. Comment donc faire ? Si Quinet
est connu des hommes qui vivent par l'intelligence, son
nom est entièrement ignoré des masses.