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                          CHRONIQUE LOCALE                              I57
ment de la France, envier notre industrie et nuire à notre commerce
par tous les moyen en son pouvoir, on ne peut qu'être vivement inquiet
de toutes les démarches, même les plus simples, que lui suggère sa ja-
lousie. C'est ainsi que nous ne voyons pas sans une certaine anxiété,
un Allemand au moment d'acheter, dans notre ville, une collection
immense de dessins de fabrique et d'échantillons provenant de nos plus
célèbres maisons, alors que les façonnés étant à la mode, nos artistes, nos
peintres, nos ouvriers, nos fabricants avaient porté le tissage des étoffes
riches à un point qui n'a jamais été atteint.
    Quand la mode des façonnés eut disparu, un antiquaire célèbre des
environs des Terreaux avait acheté tous ces souvenirs désormais inuti-
les d'une époque déjà lointaine et qu'on croyait passée sans retour.
    Les fabricants, tout à l'uni, avaient débarrassé leurs placards en faveur
de l'habile collectionneur et celui-ci en mourant avait laissé à ses héri-
 tiers ce qui était, pour ainsi dire, les annales de notre fabrique : plus de
mille cartons divers d'échantillons : meubles, velours, châles, rubans,
impressions, robes, gilets, tulles, ornements d'église d'une richesse
inouïe, broderies de toutes sortes et de tous pays à tourner la tête à la
femme la plus modeste ; plus de cinq mille dessins de nos maîtres lyon-
nais des xvue et xvin* siècles, les Colliot, les Philippe de la Salle, Pil-
lement, Bony, Berjon et autres ; des esquisses, des compositions pour
servir à la fabrication des étoffes, orgueil de notre ville, des mises en
carte ; plus de deux cents pièces de choix pouvant orner un musée de
premier ordre, tableaux tissés, broderies anciennes, velours-Grégoire,
de ce procédé si beau qu'on dit perdu; des gravures,des livres de théo-
rie venant de nos anciens professeurs ; cette immense collection, Å“uvre
 de génie de nos pères, résumé des travaux de nos premières maisons
 pendant deux siècles, passant aux mains des négociants d'Elberfeld,
 Cologne, Dusseldorf et autres, c'est une concurrence implacable pour
notre ville, aujourd'hui que les façonnés reparaissent et concurrence à
nous faite grâce à notre travail, à notre expérience et à nos essais.
    C'est toujours ainsi, l'abeille amasse des trésors de miel, vient une
 main adroite et puissante qui la prive en un instant de ce qu'elle eut
 tant de peine à conquérir.

   — « Sous ce titre : Du recrutement des juges de paix, dit le Moniteur
judiciaire, M. Emmanuel Vingtrinier, avocat, vient de publier une bro-
chure intéressante, dans laquelle il propose deux innovations : abaisser
l'âge requis pour être juge de paix, à la condition toutefois d'être