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222 POÉSIE Restez ainsi, bel ange, oh ! restez, croyez-moi ! Je songe à l'avenir, enfant ; pour vous, je tremble ! Car le doute viendra s'appesantir sur toi, Mon jeune aiglon si fier, si rempli de promesses ! L'épine blessera le frais bouton charmant, Même le désespoir, en ses noires tristesses, Mettra dans tes beaux yeux, atteints amèrement, Un nuage de deuil près du rayon de vie ! Non ! non, je veux te voir comme dans ce tableau, Heureux, n'ayant encor que cette exquise envie De rêver sous le ciel écossais, triste et beau, Si plein de poésie, et de cueillir des gerbes De ces fleurs que l'on voit sous ton genou d'enfant. Tu viens de les choisir parmi de hautes herbes, Pour ta mère, sans doute, et Georges triomphant En rentrant au logis doit en faire un hommage Qui sera bien payé par un tendre baiser. Mais la nuit te retient sur h rocher sauvage, Et le calme du soir sur toi vient se poser. Dans la soirée enchanteresse, Où l'air pur, suave caresse, Glisse sur ton front ingénu, Te plains-tu de ce temps paisible, En rêvant l'ouragan terrible Au sein de l'escarpement nu ? Regarde la mer scintillante, Cette lune toute brillante, Ce paysage austère et grand ; C'est un aspect pour ta jeune âme, Que cette mer dont chaque lame Retombe avec un bruit mourant.