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           LETTRE INÉDITE DE M. EDGAR Q.UINET            313
 maintenant presque impossible de respirer en France, où
 chaque acte de la vie privée ou publique, est presque aussi-
tôt une matière de servitude ou d'oppression.
   Ce sont là, cher Monsieur et ami, mes sentimens inti-
mes. Et pourtant, je serais prêt à mettre tout sous mes
pieds si je pouvais rendre un service. Mais le cas ne se
présente pas, et la question n'est pas même posée.
   Je travaille ici de toutes mes forces ; sans doute, il arrive
le plus souvent que mes travaux doivent rester inconnus de
mes compatriotes, et par conséquent stériles. Mais que
puis-je faire à cela? C'est l'esprit entier de ce régime qui
combat contre moi et qui doit souvent réussir à m'écraser.
N'importe, je continue. L'année ne se passera pas sans que
nous vous envoyions d'ici deux volumes. Nous avons la
curieuse prétention de vivre encore.
   On fait courir le bruit très faux que je me porte candidat
dans la Saône-et-Loire. On a même envoyé je ne sais où,
à cet égard, des télégrammes faux, signés faussement de
mon nom. Qu'est-ce que cela peut signifier ? d'où cela
vient-il ? La justice s'en est mêlée et n'a rien trouvé.
   Continuez, cher Monsieur et ami, à me donner
votre avis sur les choses que j'aime à voir par vos yeux...
Ainsi le projet du journal Y Indépendant à Bourg n'est qu'une
chimère ? On me demande une préface à une brochure que
Von prépare sur les élections. J'ai grand besoin que vous
fassiez pour moi le jour dans tout ce que j'ignore.
   Croyez-moi pour toujours votre dévoué de tout, cœur.

                                        E. QUINET.