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               POESIE

Une fourmi, dans sa tournée
De maraudeuse de terrain,
Ne mettrait pas une journée
A charrier tout votre grain.

En se glissant sous vos semailles
La taupe, du matin au soir,
Parviendrait, avec ses tenailles,
A faucher tout votre terroir :

Et jusqu'au fond de votre grange,
Un tout petit raton pourrait
Faire un ravage plus étrange
Qu'un sanglier dans un guèrel.

Mais, en revanche, une hirondelle,
Oui, tous les printemps, sous vos toits
Revient à son nid, vous rappelle
La fidélité d'autrefois,

Tandis que, sous un rien d'ombrage,
Prenant nos soucis en pitié,
Fotre temps gaîment se partage
Entre, l'amour et l'amitié.

Aussi, qu'aux moissons l'on travaille,
Fous n'en êtes point aux abois,
Fous, dont le blé lient, quoi qu'il vaille,
Dans une coquille de noix.

El lorsqu'enfin vient la vendange,
Que l'on ait ou non des tonneaux,
Fotre unique grappe se mange
El se cuve sans frais nouveaux.

                         1> A. GÉRARD.
1880