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JO                         DEUX AMITIÉS
   — Marie, où est donc Marie ? demanda Mina en regar-
dant autour d'elle.
   — La voilà, répondit-on.
   Celle qu'on appelait Marie,, sortant de la maison voisine,
accourait en fendant l'air comme un oiseau et portant une
feuille de papier à bras tendu, comme pour en sécher l'en-
cre encore humide. Traverser le jardin, franchir la porte
qui donnait sur la route et entrer dans celui où se trouvait
le groupe, fut l'affaire de quelques secondes.
   Marie était petite, mignonne; ses traits n'avaient pas de
régularité, mais les ondes épaisses de ses cheveux noirs, le
feu qui brillait dans ses yeux, l'animation répandue sur tout
son visage, plaisaient plus peut-être qu'une réelle beauté.
   — Tiens, dit-elle à la jeune Suissesse, voici mes adieux,
et ils sont impuissants à exprimer mes regrets.
   — Quoi ! des vers ! que tu es bonne, chère Marie, com-
bien je suis touchée de cette marque d'amitié. J'aurais
voulu les lire avec toi, mais cette maudite diligence n'arri-
ve-t-elle pas juste maintenant !
   — Je me suis trompé, ce n'est qu'une charrette, exclama
de nouveau le jeune garçon.
   Marie hésitait, mais sur un regard de sa mère elle reprit
le papier des mains de Mina, et lut d'une voix que faisaient
trembler rémotion et la timidité :

     Quoi ! c'est quand le printemps ranimait l'espérance,
     C'est quand nos chants joyeux saluaient son retour
     Comme un doux messager de bonheur et d'amour,
     Laissant bien loin de lui la peine et la souffrance ;
     Et c'est quand nous formions de souriants projets,
     Q.ue nous rêvions de fleurs, d'intime causerie,
             Que les glaciers de l'Helvétie,
     Sans pitié pour nos pleurs, nos soupirs, nos regrets,
             Rappellent notre douce amie.