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288              LE CHATEAU DE GROLEE
richesses, mais la chaîne d'or des souverains avait à jamais
 enchaîné sa liberté.
   Tous les seigneurs indépendants de la Bresse et du
Bugey avaient suivi le torrent des siècles. Ils avaient quitté
leurs citadelles pour habiter Turin ou Paris ; les Bagé, les
Villars, les Thoire, les Coligny, ou leurs descendants
s'étaient faits courtisans et avaient abdiqué. Les Grolée
firent de même, et leur principauté devint dès lors partie
de la province du Bugey.
   Aujourd'hui, une rue importante de Lyon porte encore
le nom de Grolée, mais la famille n'existe plus, le nom
n'est plus porté et la forteresse est démantelée. Grolée-le-
fort n'offre plus que des ruines, mais ce sont les plus nobles
et les plus belles de la province, et, dit M. de Quinsonnas,
dans son Guide de Lyon à Seyssel, on peut les visiter après
avoir vu Pierrefonds, Clisson et Coucy.
   Cependant, ni la guerre, ni le temps, ni la pioche des
démolisseurs n'ont pu détruire [sa double enceinte, ses tours
immenses et le beau donjon qui s'aperçoit de toute la plaine
du Dauphiné, et que le touriste qui descend d'Aix ou de
Chambéry, par les bateaux à vapeur du haut Rhône, ne
peut s'empêcher de contempler avec admiration.
   Au moment de la Révolution, le vieux manoir était pos-
sédé par un gentilhomme dauphinois, Joseph-Marie de
Barrai, marquis de Montferrat, président à mortier au Par-
lement de Grenoble, à qui sa femme, Sophie de Guérin de
Tencin l'avait apporté en dot; présent dangereux dont le
possesseur voulut se débarrasser dès, qu'après les Etats
généraux, la tempête souffla contre la féodalité.
   Prévenu des intentions du vieux marquis, un industriel
lyonnais, Anthelme Sève, propriétaire d'une usine à tondre
le drap, sur le Rhône, à Lyon, et père d'un enfant qui, sous
le nom de Soliman Pacha, devait être si célèbre un jour,