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232                  LES ALFS DANS LE NORD
servants : ce sont de très petits nains, prestes et gentils
à ravir. Apparaissant à l'improviste dans le prompt éblouis-
sement des étincelles, ils activent la flamme ou assujettis-
sent l'enclume, apportent le charbon ou jettent un coup-
d'œil encourageant sur l'opération de la trempe, puis, un
quart de minute à peine écoulé, disparaissent aussi leste-
ment qu'ils sont apparus (1).
   Plusieurs de ces exilés, génies lumineux de nais-
sance, ont acquis une grande notoriété. Le plus célèbre,
sans contredit, est le Scandinave Vôlund ou Welint, que les
vieux Allemands appelaient Wiélant, les Anglo-Saxons Wé-
land, les trouvères du cycle carolingien Galaan, Galand,
Galans, Waland, les chroniqueurs latins Walandus, Gala-
nus, Galannus. Une multitude d'écrivains, et parmi eux
Depping, E. du Méril et Francisque Michel, ont recueilli
les traditions relatives à cet alf armurier, sorte de juif-errant
de l'art métallurgique ; ils en ont suivi les traces depuis la
montagne de Kallova, son premier atelier, jusqu'aux extré-
mités de l'Orient et de l'Occident. En dépit des recherches
de tant de savants hommes, la date de son arrivée dans
notre monde terrestre n'est pas encore complètement fixée.
Un quatrain néanmoins, gravé sur l'épée du héros Galvain
et recueilli par Francisque Michel, en parle comme d'un
contemporain du Christ :

         Ieo su forth, trenchant e dure,
         Galaan me fyth, par mult grand cure.
         Catorze anz ot Ihu Cristh
         Quant Galaan me trempa et fith.



   (1) Telle est une partie des Pixis ou servants des comtés de Devon
et de Sommerset. Habitante des mines, elle y tient, dit Mistress Bray,
historien des Pixis, l'emploi des esprits familiers.