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                         DEUX AMITIÉS                        55
accusée du reste de son visage, rayonnait d'admiration, et
sa bouche petite et vermeille s'ouvrait comme pour aspirer
la vie.
    Mais lorsque le soleil eût disparu, l'enthousiasme qui
animait les traits de Marie s'effaça graduellement, et il ne
resta bientôt sur son visage qu'une expression de vague
mélancolie.
    — A quoi penses-tu, chère enfant ? lui demanda Mme
Desnoyelle, qui avait suivi les changements de physiono-
mie de sa fille bien-aimée.
    — A Mina, bonne mère, répondit celle-ci, en mettant
d'une manière tendre et enfantine sa jolie tête sur les
genoux de sa mère comme pour provoquer de douces
caresses.
    — Tu la regrettes donc bien, chérie ?... Pourtant il n'y
a guère que dix-huit mois qu'elle arrivait de Berne ici et
n'était pour toi qu'une inconnue.
    — Il est vrai, mais j'éprouvais un tel désir d'avoir une
amie ! Ah ! jaurais fait bien des concessions pour gagner son
cœur ! Juge, mère, de mon bonheur en la trouvant bonne,
intelligente, sympathique, au-delà de tout ce que j'avais
espéré.
   — Oui, c'était une aimable enfant, et j'aurais bien aimé
qu'elle ne quittât pas Chênelong. Ta vie n'est pas très gaie,
et je comprends parfaitement qu'une mère, quelque bonne
qu'elle soit, ne saurait remplacer une amie ; aussi, ma
fille, ta peine me touche-t-elle vivement et Dieu sait à quel
prix je voudrais te l'épargner.
   — Oh ! chère maman, puis-je me plaindre avec une
mère telle que vous ? Pour ne pas vous chagriner, je saurai
me consoler.
    — Non, plains-toi, mon enfant, ta blessure en sera plus
tôt cicatrisée, mais plains-toi en vers, le travail qui nécessite