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DEUX AMITIÉS Ce qui la retenait sur l'abîme d'un profond ennui, c'était l'espérance qu'en partant Mme Dermont lui avait laissée de s'occuper de son recueil. Elle lui avait aussi promis de lui écrire dès qu'elle serait complètement installée, pour l'en- gager à venir passer quelques jours avec elle. Marie n'avait pas osé parler à sa mère de ce dernier projet, mais elle comptait bien qu'au moment de l'exécuter, celle-ci ne le lui refuserait pas. Après un mois, Marie attendit avec impatience la lettre désirée. Du plus loin qu'elle apercevait le facteur, son cœur battait à se rompre, mais toujours son attente était trompée. Enfin, après bien des jours de déceptions, la lettre arriva. Elle était affectueuse. Mathilde rappelait à Marie sa pro- messe et la sommait de la tenir, n'eût-elle que peu de temps à lui consacrer. Elle lui donnait son adresse, la priant de la prévenir du jour et de l'heure de son arrivée, afin qu'elle pût aller l'attendre à la gare. En post-scriptum, elle ajou- tait : nous parlerons de vos affaires. En mère prudente, Mme Desnoyelle eût dû peut-être re- tenir sa fille auprès d'elle; en mère tendre et un peu faible elle permit ce voyage, dont Marie se promettait tant de