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jamais, en prenant de l'âge, à dépasser la stature de l'Amour,
il en acquit du moins, grâce à la libéralité de ses aimables
donatrices, tout le charme et toute la beauté. Ses sujets,
les Alfs, participèrent naturellement à sa bonne et à sa
mauvaise chance (1).
   Le trouvère qui nous a transmis l'histoire de ce premier
revers essuyé par Obéron, dès sa naissance, n'en a pas
inventé le merveilleux; il l'a seulement mis en œuvre.
Sa fée de mauvaise humeur, bien qu'il l'ait vêtue du
costume mythologique en honneur au temps où il vivait,
n'appartient pas au moyen-âge : elle représente une
de ces Nornes, fées eddaïques de condition inférieure,
c'est-à-dire nées de Dvergs, à l'influence pernicieuse de qui
Snorro Sturleson attribue les parties malheureuses des
destinées humaines (2) et la restriction qu'elle est censée
mettre à la grandeur future du roi des Alfs fait allusion à
l'époque incertaine où le culte des Ases, imposé par une
théocratie étrangère, portait les premiers coups au sa-
béisme du Nord.
   Ce fut affaiblie par les efforts de cette théocratie puissante
et reléguée par elle à l'arrière-plan des cieux, que la royauté
d'Obéron reçut des événements son deuxième choc.
Dû à la puissance croissante des idées chrétiennes, ce


   (1) Les Alfs, on ne saurait trop le répéter, n'étant pas de la race des
Dvergs ou Dvalins, n'ont pas été créés nains ; c'est ce que constate
l'Edda de Suorro dans la note qui suit celle-ci.
   (2) Il y a plusieurs sortes de Nornes : celles qui assistent à la nais-
 sance des hommes pour leur donner la vie sont de race divine; elles
descendent des Ases ; il y eu a de la race des Elfes et de la race des
Nains ou Dualins... Les Nornes d'origine céleste donnent le bonheur ;
quand les hommes tombent dans l'infortune, c'est aux méchantes Nor-
nes qu'il faut l'attribuer. » {Les Eddas, voyag. de Gylfe, traduction de
Mlle du Puget.)