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LES ALFS DANS LE NORD 259 L'allégorie du hanap est à la reproduction éternelle des substances nourricières, filles du Soleil, ce que sont les allégories du cor et de la lyre à l'harmonie universelle, œuvre providentiel du même astre dans le temps et dans l'espace. Mais ici que de similaires! Je me contenterai de citer la corne rustique d'où la divine Amalthée, nourrice de Zeus, roi de l'éther, verse une abondance toujours renou- velée de fruits, de fleurs et d'épis, et le bel arbre Pâridjâta, l'érythrine céleste. Tissu de lumière, parangon de fraîcheur, source inépuisable de parfum, de couleur, d'harmonie et de saveur, la fleur de ce végétal produit avec amour, répand avec libéralité ce qui charme les sens, apaise la soif, réjouit l'âme, préserve de la maladie et sauve de la vieillesse. Et ces dons de l'immortalité, la corolle paradisale les accorde à qui la possède selon le désir qu'il en a, et sans cesse, et sur l'heure. Mais semblable au hanap d'Obéron, elle veut que le possesseur soit un juste : dans les mains d'un impie, elle perdrait aussitôt son éclat et sa vertu (1). J'allais terminer ce que j'avais à dire d'Obéron : Je m'a- perçois à temps que j'oublie son manteau d'invisibilité. L'auteur inconnu du Nibelunge-Not met aussi ce précieux vêtement en la possession d'Albérich, prétendu roi des génies noirs. Cet auteur commet une erreur évidente. Les manteau d'invisibilité symbolise tantôt le nuage qui cou- vre momentanément le soleil, durant sa course radieuse, (1) Le Pâridjâta naquit avec l'amrita, breuvage d'immortalité, de la mer baratée par les Asouras. A peine éclos, il devint le sujet d'une querelle entre Indra et Krishna, son frère, qui l'avait promis téméraire- ment à l'une de ses femmes, la belle Satyabà mâ (Harivansa, traduct. Langlois). (2) Cf. le sansc. Vritra, voile qui enveloppe, nuage personnifié. = Gr. opfysv, diluculum.