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210 MAX CLAUDET procédé inventé par Claudet, avec des sujets domestiques ou des vues du pays. Dans un coin, une relique : une Vierge en bois faite par Perraud, chez le père Auvernois, son premier maître... Et, au-dessus de ces merveilles, mollement bai. gnées dans le demi-jour venant de la verdure extérieure et dans les reflets roses des terres cuites, on voyait, accrochés aux murs, des toiles d'amis, des paysages de la Franche- Comté avec leurs roches grises et leurs ruisseaux abrités de grands arbres, quelques médaillons, quelques portraits d'in- times et d'hommes célèbres, entre autres celui de M. Mar- cou, le savant géologue salinois. Nous nous assîmes là et nous causâmes longuement d'art, de Joseph Perraud, de Courbet, de Max Buchon, parmi lesquels Claudet a vécu et dont il a reçu en quelque sorte l'éducation artistique, enfin, de lui-même, ce qu'il fit avec une modestie charmante. Sa parole, un peu traînante avec un léger grassaiement, était simple, bon enfant, pleine de charme et d'abandon. Il appartient à une bonne famille bourgeoise de Salins. Son grand-père, député au Corps législatif pour l'arrondis- sement de Poligny, mourut, en 1812, conseiller à la cour de Besançon. Quant à son père — dit Max Buchon, — ins- pecteur des douanes, se trouvant veuf en 1842 avec un bam- bin de deux ans, d'une constitution très chétive, il prit aus- sitôt sa retraite pour revenir à Salins se consacrer tout entier à l'éducation de son fils, dans sa résidence héréditaire. C'est là que Max Claudet a grandi comme un jeune sauvageon, sans autres leçons scolaires que celles de son père et sans autre initiation professionnelle qu'un an de leçon du sculp- teur Darbois, à Dijon, et deux mois passés dans l'atelier de Jouffroy, à Paris. Dès lors, c'est-à -dire depuis l'âge de dix- neuf ans, il travailla sur son propre fonds et à ses risques et périls. Des livres, des crayons, une forte nourriture et la