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430 LES HÉCATOMBES DE LA VENGEANCE où ces matériaux ont été rassemblés. Dans l'édifice histo- rique, nous sentons le souffle d'une génération circulant sous les voûtes ; c'est l'esprit d'un temps immobilisé pour passer à l'avenir. Le siècle aussi qui n'a rien bâti est un passager dans l'histoire, c'est un homme sans fils. Ce qui était fait, dans cette petite chapelle, pour piquer la curiosité de l'érudit, c'étaient, dit-on, les figures burles- ques qui ornaient le dais ; ces tètes, du haut des niches, riaient éternellement au nez des visiteurs, et, si j'en crois la chronique, ces grimaces grotesques exprimaient d'une façon si parlante les pensées de l'artiste que c'était à faire rêver de l'enfer dans ce paradis gothique, L'ornementation dans le style ogival, qui nous paraît le fruit d'une civilisation si avancée, était pressentie même par les peuples les plus primitifs. C'est faire l'histoire du genre humain que de savoir seulement l'historique de la colonne par exemple, depuis le moment où le tronc des arbres faisait colonne, étant cerclé dans le haut et recou- vert sur une pierre plate sans nul ornement, jusqu'au mo- ment où se dissimulaient sous une profusion de richesses les supports des cathédrales gigantesques. C'est pourquoi, la connaissance approfondie de l'archéologie suppose un nombre infini de notions et une connaissance générale, non seulement des faits et des hommes d'une époque, mais de la littérature, des sciences, de la théologie et de la philosophie de cette époque. L'histoire du moyen âge, surtout, a été faite avec des pierres, et les vastes enceintes de nos basiliques attestent encore moins l'art de leur temps que la grandeur d'esprit de leurs architectes qui travaillaient à une odyssée qui ne devait pas être signée par eux. On inscrivait sur le fronton des édifices le nom du gouvernant, du fondateur ou du possesseur de l'édifice, mais celui de l'artiste qui aurait dû