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278 LE SONGE DE M. PAMPONNET en ville... Quelqu'un s'était introduit dans sa maison... Des voleurs... Eh! parbleu, Bataillard, Bataillard Bras-de- fer, que la police n'avait pu arrêter ! C'était lui, ce ne pou- vait être que lui !... Que faire ? retourner sur ses pas, aller quérir main forte, éveiller la garde, mettre les gendarmes sur pieds et monter à l'assaut !... Ce parti ne s'était pas encore nettement arrêté dans son esprit, que M. Pamponnet s'enfuyait déjà , par le chemin glissant, de toute la vitesse de ses jambes flageollantes et cahotantes. Il courut tout d'une traite, sans regarder der- rière lui, jusqu'aux premières maisons. — Qui va là ?... Tiens?... Pamponnet!... Où diable cours-tu à cette heure? Est-ce que le feu est chez toi?... C'était Crinquand, qui revenait de chasser le canard à l'étang des Moustières. — Oui! le feu, le feu !.., criait le bonhomme hors d'haleine. Les voleurs !... Au secours ! au secours !!... Sa voix affolée résonnait dans la rue déserte. Une à une, les croisées s'ouvrirent. Des bonnets de coton, des têtes ensommeillées parurent dans les entre-bâillements des volets. Qu'était-ce ? Qu'était-ce donc ?... Des voleurs chez M. Pamponnet?... En effet,'des étages supérieurs, on aper- cevait là -haut sur la colline la maison blanche et les quatre fenêtres éclairées. On fut bientôt prêt. Les gendarmes, pourvus de menot- tes, les voisins armés de leurs fusils de chasse, et Pam- ponnet, et Crinquand, vingt hommes se mirent en marche. Le bonhomme, un peu ragaillardi, faisait le brave : les gredins allaient la danser!... il n'aurait pas voulu, pour cent sous, que cette aventure n'eût pas eu lieu.... On fut obligé de le faire taire. L'ascension se fit dans le plus profond silence. Arrivés au sommet, les assaillants se glissèrent en tapi-