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LE SONGE DE M. PAMPONNET 279 nois presque au pied de la maison, derrière la palissade du jardin : les fenêtres brillaient toujours, mais on n'enten- dait rien; rien que l'aboiement lointain d'un chien de garde, ou le bruit de ferrailles d'une carriole lancée à fond de train, là -bas, sur la grande route verglacée. On résolut de cerner l'enclos, tandis que les gendarmes guidés par le propriétaire opéreraient au-dedans. Cette fois, toutes les terreurs du bonhomme le reprirent de plus belle, mais il fallait s'exécuter. D'une main tremblante, il fit tour- ner la clef dans la serrure : on pénétra sans bruit. A la lueur d'une lanterne, on fouilla minutieusement chaque pièce, l'une après l'autre. Un gémissement de porte, un frôlement de rideau, un craquement du plandier ou des boiseries donnait à M. Pamponnet des sueurs froides. Les bandits allaient être pris comme dans une souri- cière... Mais ils se sentaient traqués : ils avaient éteint les lumières... Il ne restait plus à visiter qu'une des chambres de la façade : c'était là qu'ils devaient être. On ouvrit... Personne !... Aussitôt un coup de fusil retentit dans le jardin. Le bri- gadier s'élança à la fenêtre : — Eh bien? cria-t-il. — Ah! ah! ah!... ricana Crinquand se dressant derrière une charmille, c'était un chat !... — Mais il n'y a rien là -dedans, ni gens, ni feu !... — Mais si, mais si, il y a du feu !... — Eh n o n ! . . . vous dis-je. — Regardez donc à la fenêtre voisine, entêté!... Le brigadier se pencha à mi-corps... Crinquand disait vrai... — Les bras croisés, songeur : Ah !... fit tout à coup le brigadier.' Dans la vallée toute blanche, enveloppée d'une fine buée