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LES AL1-S DANS LE NORD 239 peine, ceux-ci végéteraient sans asile, sans famille et sans joie, sur notre sphère terrestre, autrefois leur vassale. Telle végéterait déjà une fille ou sœur de ces alfs, à ce qu'il semble: « Dans les pâturages delà Norwège, raconte M. X.Mar- inier, est la nymphe Hulda, jeune fille aux cheveux blonds, douce et mélancolique figure que l'on voit passer le soir dans les ombres des taillis, pauvre âme qui erre dans la solitude, condamnée à un éternel veuvage, qui parfois s'ap- proche du chalet où la famille du pâtre est réunie, jette un regard sur les joies du foyer domestique, et s'éloigne en murmurant un chant plaintif. » ( i j N'est-ce pas là l'image d'une intelligence sublime qui, déchue de l'état de gloire, pleure au souvenir de ses félici- tés perdues ? Etre surhumain, ses regrets sont d'un être surhumain. Mais qu'importe, ami lecteur, le nom de Hulda ne suffit-il pas seul à démontrer ce qu'elle fut et ce qu'elle déplore (2) ? C'est celui de plusieurs divinités de nature aimable ou clémente appartenant à l'ancienne mythologie du Nord; Hulddfe, par exemple, la secourable lithye d'au delà du Rhin (3), et Holda, la belle Diane, souveraine de la nuit, avant que les Allemands du moyen-âge eussent fait de cette pure et pacifique déesse une conductrice atroce de chasse aérienne (4). (1) Lettres sur h Nord, 11, 29 et 30. (2) SamcM.gr. a-*i, lat. Ml. arare, jouir, folâtrer, être ou rendre joyeux ou heureux, d'où sansc. hilat, gr. %\iiï-â)v, ail. holà , huld-iéch, joyeux, fécond en délices, abondant en plaisirs, doux, bienveillant, aimable. (3) V. cy-dessus, ch. sixième. (4) « Dsmonum turba in similitudinem hominum transformatae, quam vulgaris stultitia Holdam vocat. » (V. Burchard, Collect. décret., 1, 10 et 19.)