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240                   LES ALFS DANS LE NORD
   Hulda, la nymphe désolée, représente donc une puis-
sance divine tombée de son rang dans la Valhalla, Freya,
Géfione, Sifia, ou quelque alfe radieuse, autrefois l'orne-
ment et la joie du ciel, et le type primitif de Titania.
   Quoi qu'il en soit, je ne terminerai pas le premier livre
de mon étude sur les Alfs, sans rendre hommage à ce peu-
ple préhistorique de la Scandinavie, qui, non content de
s'élever jusqu'à la conception d'esprits de lumière, bons et
bienfaisants par essence, ont encore l'idée de faire partici-
per à leur divinité généreuse les âmes de ses ancêtres sor-
tis de la vie pleins de mérites ; mettant ainsi la récompense
dernière de l'homme de bien dans l'obligation de faire le
bien après sa mort (i). On peut l'affirmer sans crainte :
pour produire un corps de doctrine religieuse supérieur
aux institutions de Manou et de Numa, il n'a manqué aux
législateurs de ce peuple du nord extrême que d'avoir mé-
connu la puissance du repentir. Oui, en retournant auprès
d'Alfader « le père des choses » (2), l'alf, ainsi que l'ange
gardien, ne pourrait pas dire : « Dieu des dieux, j'ai guidé
à travers la redoutable épreuve l'âme que tu m'avais con-
fiée. Bien des fois, le long de la route, j'ai dû voiler ma
face de mes ailes ; mais, à la fin, à l'heure où se rompt la
 dernière attache de la vie périssable, j'ai recueilli cette
larme de repentir aussi précieuse devant toi que le verre
 d'eau donné en ton nom ; fais donc, Seigneur, que tes
 cieux se réjouissent ! »


    (1) Munter ap. Depping, ouvr. et lieu cités.
    (2) Littéralem. « père de tout. » C'était l'être incréé, éternel, inspi-
rateur invisible et suprême de la combinaison créatrice des substances
en lutte dans le chaos : Vilda ek Valfôdur vél framtalia « Je vais révé-
ler les choses de Valfader. (Vôlusp., St. 1.) Par la suite, Odin ayant été
fait roi des dieux, reçut, entre autres surnoms, celui de Valfader.