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LES ALFS DANS LE NORD 233 La filiation de Vôlund n'est pas mieux établie que la date de sa naissance. Le Vôlundar-quida fait, il est vrai, de ce forgeron mystérieux de Kallova, une essence lumineuse, une puissance cosmique de la forme et de la nature des Alfs(i), maisleVilkina-Saga, obéissant à d'autres traditions, prétend qu'il n'est alf que par sa mère, fille d'une femme de la mer ou séâlfenne des golfes ; le géant Vade ayant eu, affirme-t-il, commerce avec elle (2). Alf pur ou métis, qu'importe ? Vôlund n'en est pas moins un artiste doué d'une habileté incomparable. Il ne le cède à nul cyclope en l'art de tremper, d'affiler, de damasquiner. De ses mains sont sortis le redoutable Durissime qui valut à un paladin du Périgord le surnom de Sector-ferri « Taille-fer » (3), et tant de glaives vantés par les poètes : Joyeuse, Durandart, Merveilleuse, et cette Calibor ou Caliburn « tranche-acier, » véritable épée d'ange exterminateur, que Merlin fit obtenir au grand Artus (4). Ainsi donc, autant de métiers, autant de sections d'alfs, autant d'individus, autant d'alfs. En somme, et il faut tenir grand compte de ceci pour la question qui nous occupe, (1) St. xxx, v. 6. (2) V. dans le Vilkina-Saga l'épisode de Welint. (3) « Guillermus itaque Sector-ferri, qui hoc nomen sot'titus est, quia cum Normannis confligens, venire solito conflictu deluctans, ense corto, nomine Durissimo, quem Walandus faber condiderat, per mé- dium corpus loricatum secavit una percussione (Rerum Engolism. Scriptor., edit. F. J. Eusèbe Castaigne, Angoulênie, 1853, pp. 22 et 23). (4) Arthus son ost contre eus adresse Et d'euls ocist vint et trois vins Saxons, qu'Escos et Poitevins De Galiburne son espée. (A. Jubinal, Recueil de cont., etc., 11, 200.)