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230 LES ALFS DANS LE NORD au surplus, vaut la peine d'être contemplé : les regards des hommes ne voient pas tous les jours le héros O'Donoghue, jadis roi sur la terre, sortir des profondeurs d'une petite Caspienne merveilleuse, monté sur un cheval blanc comme un rayon de l'aube, et, les légendes du Killarney l'assurent, s'élever vers les cieux au milieu de myriades de séâlfennes, elfes du lac, le corps vêtu de lumière et le front ceint d'é- toiles. Plus nombreux que les ondins, et surtout plus occupés, sont les alfs que leurs fonctions forcent de séjourner en nos demeures, ou dans leur voisinage. Ces génies doivent être regardés comme les vrais génies locaux, genii loci, de Wachter (1). Le vulgaire les connaît plus particulièrement sous le nom de servants. Bien que spécialement familiers, ils ne sont point attachés à la personne pour la préserver de la défaillance morale, rôle sublime attribué à nos anges gardiens, mais pour l'aider dans sa tâche quotidienne. Il y a de ces servants qui soignent un cheval à l'écurie, dirigent la charrue à travers les sillons, raccommodent le filet du pêcheur, allument le feu, apportent l'eau et nettoyent la batterie de cuisine. Leurs belles moitiés, pendant ce temps, ne restent pas oisives. L'invisible activité de celles-ci se révèle à ses œuvres d'un bout à l'autre du jour, en tout ce que femme a besoin d'arranger et d'ouvrer. Il n'est pas jus- qu'au dé perdu, et retrouvé comme par miracle, qui ne porte témoignage de leur complaisance. Cette générosité ne s'arrête pas là . On connaît, nous l'avons vu plus haut, des maisons où les alfs serviables assistent aux couches de la ménagère, reçoivent les nouveau-nés, et tout en les berçant, leur octroient le don de réussite. Un savant écri- (1) « Alp, alf, genius loci, » Gloss. german., ALP.