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228 LES ALFS DANS LE KORD inactif. Pour ces bonnes travailleuses, les marques de son contentement ne se font pas attendre : elle a les mains tou- jours pleines de fleurs, de fruits, de gâteaux de bonne farine, et son passage à travers les sillons rend les moissons abondantes. Mais les fileuses dissipées, volages, enclines à la paresse, doivent redouter les effets de son courroux : on la dit sévère et vindicative autant qu'une norne de condition inférieure ( i ) . Les alfs des vallées et des campagnes, les feldâlfennes, sont commis à l'éducation des plantes, surtout des espèces salutaires aux hommes et aux troupeaux ; leur charge pour- tant ne s'exerce pas au delà de certaines limites prévues. Toute herbe destinée à parer, à embaumer, à enrichir la terre, doit recevoir de la tendre sollicitude de ces esprits ce qui lui est nécessaire, mais seulement à partir du moment où, perçant la couche d'humus, elle apparaît à la lumière ; jusque-là , elle est du ressort des génies souterrains, les Doks ou Gnomes : à ces derniers appartient la tâche de surveiller son développement dans le germe. Au xvie siècle, les alfs rustiques de la vieille Albion avaient perdu presque toute cette charmante autorité sur les verts tapis des prés et des collines; leur pouvoir se bornait à rendre amère l'herbe qu'ils effleuraient de leurs pieds, en dansant au clair de lune, ou, quand venait minuit, l'heure du maléfice, à faire pousser de suspects champignons (2). (1) Grimm, Tradit. allem., traduct. de Theil, t. 11, p. 5. — A. Maury, ouvr. cit., 71 et 72. (2) You, demi-pupetts, that Bi moonshine do the green-sour ringlets make, Whereof the ewe not bites. and you, whose pastime Is tomake midnigt mushrooms (Shaksp., Tbetempest., act. v, se. 1.)