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                    ALINGEN OU ALLEN-JEAN                        295
quité du jeu, la locution étant complètement perdue dès les
origines de notre langue.
   Quant à la supposition de l'auteur anonyme et de Cham-
pollion-Figeac que le jeu grec kpik^iv fût le même qu'alingen,
on n'a que faire de dire qu'elle n'est justifiée par la moin-
dre preuve. Il n'y a aucun rapport euphonique dans les
mots, d'autant que le jeu de pair ou impair, par lequel on
traduit éfriiÇui, est autre chose que notre alingen. Par
ainsi
      Peut-être qu'il dit vrai, mais c'est un grand peut-être.

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    L'expression Je ministro, employée par le dauphinois,
vient aussi à l'appui de l'antiquité de la formule. Le verbe
ministra n'existe ni dans le discours lyonnais, ni dans le
forézien, ni dans le languedocien, ni dans le provençal,
ni dans le saintongeois, ni dans celui du Velay, ni dans
celui du Poitou, ou dans celui du Brianconnais, ni dans
celui du Dauphiné lui-même, car Champollion-Figeac n'au-
rait pas manqué de l'insérer dans son essai de glossaire, et
il n'en peut pas même donner l'exacte signification.
   Je ministro, c'est encore du latin. C'est ministrare pris
dans le sens de fournir, comme dans notre jeu de cartes
lorsque Ton dit, aune couleur, \Q fournis, ou \'y fournis. Il
existait encore au douzième siècle dans la langue d'oc : Sa
lengua menestra fuoc, sa langue fournit, produit du feu. (V.
Raynouard).
   La forme lyonnaise, je m'y mets est bien plus récente
que la dauphinoise, dont elle est une corruption. Qui n'a
remarqué combien aisément le peuple remplace un mot
dont il ne saisit pas le sens par un mot qui lui dit quelque
chose, parfois même de contraire au sens primitif, pourvu