page suivante »
296 ALINGEN OU ALLEN-JEAN qu'il y ait quelque synonymie dans le son : Edredon, aigle- don; laudanum, î'eau-d'anon ; iodure de potassium, ordure de potassium; nitrate d'argent, mitraille d'argent, etc. Dans un bourg de ma connaissance, un montreur de ménagerie ayant fait admirer un Python-boa, tous les habitants ne par- laient plus que du Python-en-bois. Je m'y mets est ce que les Lyonnais ont trouvé de plus ressemblant à Je ministre. Heureusement le sens ne s'écartait pas sensiblement. * ** Ce qui est advenu aux Lyonnais pour Je ministre, il est arrivé aux Dauphinois pour alingen. En ayant perdu le sens primitif, les Dauphinois en ont forgé Allen-Jean, c'est-à -dire tout bonnement Allons ! Jean ! Inutile de remarquer que les deux expressions sont identiques, euphoniquement, en à 'allen sonnant comme en dans ren, ben, qui se prononcent rin, Un, etc. Mais Allons, Jean! ne signifie rien. Pourquoi Allons, Jean, plutôt que Allons, Pierre ou Allons, Jacques. Tout de même que, lorsque les Lyonnais n'ont plus compris Je ministro, ils ont dit Je m'y mets, les Dauphinois, lorsqu'ils n'ont plus compris à l'engien, c'est-à -dire au juger, à la devi- nette, en ont fabriqué un Allons, Jean, comique, qui n'y res- semblait que par le son. Si Allen-Jean eût été la forme pri- mitive, nous autres Lyonnais n'en aurions pas fait alingen, mais nous l'aurions traduit en lyonnais par Allons-Jean, allen pour allons n'étant pas usité chez nous. ** Oui, mais quoi de ce singulier mot de greillie, par lequel dans le pays de Roannais, on désigne le jeu d'alingen ?