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294              ALINGEN OU ALLEN-JEAN
   « L'un des deux joueurs met dans sa main un certain
nombre de noisettes, et s'adressant à celui qui joue avec
lui, il dit : Allen-Jean. — L'adversaire répond Je ministro,
comme pour dire qu'il accepte le jeu. — Le premier
demande jusqu'à quand, et le dernier répond jusqu'à dix ou
tout autre nombre. S'il se rapporte avec le nombre des noi-
settes renfermées dans la main, il les gagne, sinon il donne
à l'autre un nombre de noisettes égal à ce qu'il y a en plus
ou en moins de celui qu'il a indiqué.
   « Ce jeu ressemble beaucoup à celui des Grecs ; il n'y a
 pas de doute qu'il ne soit aussi ancien qu'eux dans la Gaule.
 On remarque dans les mots qui servent à ce jeu des finales
 rimées, comme on les observe toujours dans les proverbes
 et adages de tous les idiomes vulgaires. »

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   Quelles ne sont pas les trahisons de la mémoire ! Quand
je lus ce passage, je me ressouvins tout d'un coup qu'en
effet, lorsque ma mère me faisait jouer, tout enfant, à alin-
gen, nous ne disions jamais pour combien, mais jusqu à quand?
Comment avais-je pu l'oublier et défigurer ainsi le rituel,
je ne me le puis expliquer. Il est probable que mes notions
grammaticales s'étant un peu étendues, j'avais fini par ces-
ser d'employer le jusqu'à quand, qui n'avait plus de sens pour
un gone orgueilleux d'avoir appris les rudiments de la lan-
gue, et que je l'avais remplacé par une tournure banale
mais qui me semblait plus correcte.
   Si je m'en étais tout uniment rapporté à la bonne vieille
tradition maternelle, j'aurais au contraire donné dans le
vrai de la chose, quand n'étant ici que le latin quantus, et
non quando. Jusqu'à quand : usque ad quantum (nunieruni) ?
Cette forme, purement latine, prouve la très haute anti-