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DE LA PRIMATIALE DE LYON 267 petits fagots de loi qui ressemblait a des coterets. C'étoit là tout ce qui restoit du clavier de ce superbe instrument. Les tuiaux et les souflets et tout ce qui avoit pu tanter la cupi- dité des dévastateurs n'existoit plus... « L'on nous dit qu'il étoit de même aux Cordeliers, aux Bleus-celestes, — qu'à St Pierre il restoit encore quellque tuiaux. mais que la bombe en avoit détruit la meilleure partie. Ce peu de succès nous découragea, nous nous sépa- râmes en gémissant sur le dégoût et la perte d'objets aussi prétieux. Je ne vous cacheray pas que le vandalisme avoit si fortement porté sa main dévastatrice sur tout ce qui tenoit aux arts, que les voyant anéantis pour toujours, je renonçai au titre de Conservateur. Si je vous disois tout ce que mon cœur à souffert dans le peu de recherches que j'avois entre- pris et tout ce que notre malheureuse Commune a perdu, vous frémiriez de colère et pleureriez de douleur. Salut et amitié. Signé : Chinard. » Depuis lors, une partie des mo- numents si odieusement saccagés se sont relevés de leurs ruines; mais le 11 brumaire an xm (1804), la Primatiale était encore dans le plus lamentable état de délabrement. On peut en juger par ce passage d'un rapport de M. de Charpieux, alors maire de l'arrondissement de l'ouest de Lyon. « La vaste église de Saint-Jean, dit-il, est dépourvue de tout; l'autel seul peut annoncer la place du sanctuaire ; on se voit reproduire partout des marques hideuses de dégradation. Le pavé, en grande partie, a été mutilé pour devenir praticable aux chevaux et aux chars du paganisme. » En effet, pour célébrer la fête de la Raison, dont la Prima- tiale formait le temple, on avait dû dépaver toute la nef. Cette fête fut célébrée le 8 juin 1794. Il nous reste encore à la Bibliothèque de la Ville,|dans le fonds Coste, plusieurs dessins, assez bien exécutés, repré- sentant la décoration intérieure de Saint-Jean, à l'occasion