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LES ALFS DANS LE NORD 257 ne faisait qu'une, du côté de l'Orient, avec les surfaces boi- sées du Vosagus, du Jura, de l'Alpis, du relief de la contrée danubienne ; or, pour se rendre à Babylone, Huon fut obligé, circonstance remarquable, de traverser toutela forêt enchantée, domaine d'Obéron. Ce monarque faé y vivait alors en simple korrigan, sans royal appareil. Aimant à se rendre visible aux héros et aux belles qu'il veut favoriser de ses dons de féerie, il se dévoila aux regards du cheva- lier bordelais, l'accueillit galamment et lui fit largesse. CHAPITRE CINQUIÈME Trésor d'Obéron. Entre autres joyaux que recelait le trésor du bel époux de Titania, brillaient le hanap intarissable et le cor entraî- nant. Le cor, par la vertu d'une sonorité particulière, dis- pose les cœurs à la joie. Dès que, dans un accès de gaîté, le facétieux Obéron l'embouche, les Alfs et les mortels à portée de l'entendre « tentir et sonner », se mettent à danser et à chanter, sans souci ni relâche, jusqu'à ce que la fatigue rompe le charme qui les entraîne (1). Plus précieux est le hanap. Pour le remplir, il n'est be- soin que d'un signe de croix fait au dessus. Une fois plein, il donne son liquide, au gré du propriétaire, sans jamais diminuer ni tarir. « Tel est, dit Obéron en le remettant à Huon de Bordeaux, le pouvoir de ce hanap qu'il fournirait (1) Rom. de Huon de Bordeaux, ap, Brueyre, cont. popul. de la Grande-Bret., p. 166. 17