Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
258                 LES ALFS DANS LE NORD
d'assez de vin les vivants, et même les morts s'ils revenaient
à la vie, pourvu qu'il soit entre les mains d'un homme de
bien (1).
   Il ne faut pas s'étonner de voir dans le trésor d'Obéron
ce couple d'objets miraculeux. Tous les êtres théogoniques
pourvus de la souveraineté sur le monde planétaire, parmi
les indo-européens, ont eu, quelques uns avant le roi des
Alfs, des équivalents de son cor entraînant et de son hanap
intarissable. Emblème de la course harmonique des sphères,
des ans, des saisons et des .jours, le cor se retrouve dans
la lyre d'Apollon, cette lyre, délices de l'Olympe, aux sons
de laquelle le dieu de Sminthe et de Claros, entraînant
les pierres même, relevait les murs de Troye. Sourya, le
soleil védique, ne fait pas résonner lui-même les cordes de
la lyre, mais lorsque, sur un char attelé de sept cavales fau-
ves, il reparait à l'est, dirigeant la ronde joyeuse des astres
qui circulent autour de lui, les génies des nombres divins
et des harmonies célestes l'accompagnent jusqu'à la limite
des ombres de leurs chants et des accords mélodieux de la
Vina, la lyre à sept cordes (2).


  (1) Id.,p. 139.
  (2) Ces génies sont les Kinnaras, les Rigas ou Râginis et les Gan-
dharvas, vulg. Zandoveras. Ces derniers sont doués d'un éclat et d'une
beauté de formes inouis chez les hommes. Créés mâles, la poésie d'ac-
cord avec la croyance populaire, les partage en deux sexes. Voici le
portrait d'une Zendovère :
          Ses ailes, de son corps unique vêtement,
          Tombent, et de leurs plis l'entourent mollement.
          Son œil bleu fait briller une tendre lumière
          Sous l'ébène léger de sa longue paupière.
          Ses membres délicats, souples et gracieux,
         D'un éclat diaphane, étincellent aux yeux.
                       P. Chasles, Lafiancéede Bénaris, 31, 32.