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 256                  LES ALFS DANS LE NORD
résidence terrestre en est le Chambord. Le roman de Huon
de Bordeaux, le seul ouvrage qui, à notre connaissance, parle
de cette seconde demeure, la place au milieu d'une forêt
enchantée comme la Brécélien de l'Armorique et l'Ardenne
de la Gaule-Belgique. Le romancier eut très vraisemblable-
ment cette dernière en vue. Les Celtes avaient fait de l'Ar-
denne le sanctuaire d'une Artèmis éponyme, au loin
révérée (1); les contemporains de Charlemagne et de
Philippe-Auguste un séjour de merveilles (2), un théâtre de
choses terribles, sans pareilles ailleurs :

               Elle estoit hisdouse (3) et faé.
                       Parthenop., de Blois, v. 515.

  Des esprits invisibles s'y livraient, par ses ténébreuses
profondeurs, au noble plaisir de la chasse (4). Bien autre-
ment vaste que la forêt actuelle, cette Ardenne légendaire


   (1) C'est Arduenna, Arduinna Ardoina, la Diane celtique et Sabine.
Le gaulois Arduinna. le grec'Apyem?, l'étoile de Vénus, et le sanscrit =
Ardjuni, l'aube ; et ces noms équivalent à « blanche, » du sansc.
ardjuna, gr. 'KpyuvU, blanc (cf. Max Muller. Les nouveïl. ïeç. sur la
scienc. du lang.} traduct. fr., 1, 97).
  (2)                                due fontane
        Che di diverso effetto hanno liquore
        Ambe in Ardenna te non sonno lontane.
        D'amoroso disio l'unaempie il cuore,
        Chi bee dell'altra senza amore rimane...
                                   (Ariost., Orl. fur.
   (3) Hidoux, de la nature de la Hide, relatif à la Hide, être malfaisant,
étrange, sinistre, de mauvais augure. La Hide apparut au magnanime
Vivien, la veille de sa mort, aux Aliscans. Créée dans le midi sur le
thème "ATIJ, elle devint substant. commun : une hide, bas-lat. hida,
DUCANGE.
  (4) Bolland, Act. sanct. 2 octobre, p. 258, col. 2.