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                    LES ALFS DANS LE NORD                255
témoin cette même Morgane : elle aimait en secret Ogier-
le-Danois, hardi compagnon d'Olivier, de Roland et du bon
duc Naymes. Dans son impatience de le soustraire aux
contrariétés qui troublent la vie sous notre enveloppe
atmosphérique, elle le ravit tout jeune encore. Avalon la
reçut avec joie, elle et son précieux fardeau.Ilsy vivent dans
les délices de l'amour parfait, car cet amour n'a pas cessé de
fleurir chez « la gent faée. »
   Cette gent faée d'Avalon, deux éléments distincts la com-
posent : le céleste, alfs, sylphes, fées, génies bons et tuté-
laires, et l'héroïque, paladins, preux, pairs de Charlemagne,
chevaliers de la table ronde, croisés de Baudouin et de
Tancrède, le fidèle Ivain, Roland au teint coloré, l'immor-
tel Artus, Gauvain-le-Roux, Renaud et mille autres ( i ) .
Sur toute cette gent prédestinée, Obéron règne et plane.
Avalon toutefois, je l'ai dit, n'est pas sa résidence coutu-
mière. Il était absent lorsque Morgane et ses sœurs appor-
tèrent Renoart, et ce fut Arthus qui fit les honneurs au
nouveau venu. Mais il dut accueillir en personne le bel
Ogier : le jour où le héros Danois fut introduit dans l'île,
Aubéron, ainsi écrit son nom le livre d'Ogier, s'y trouvait
en compagnie de Malabron, fameux « luyton de mer. »
   Si l'île d'Avalon est le Versailles d'Obéron, son autre



  (1) Lors vinrent fées et chevaliers faé.

      Je suis Artus dont on a tant parlé,
      Renoart frère, ce sont la gent faë
      Qui sont du siècle venus et trépassé ;
      Vez la Rolland ce vermeil coulouré,
      Et cest Gauvain à ce poile roë,
      Et puis Ivain un sien compaing privé.
                                 (Id., 256.)