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                     LES ALFS DANS LE NORD                       247
vante, en pleine féodalité, petits et grands se signent au seul
nom de sa Maisnie ou Maisgnée amené d'aventure sur le
tapis (1) ! Dieu cependant, dont la miséricorde égale la
puissance, n'a pas complètement abandonné la malheureuse
chevauchée : il lui a laissé le droit de faire halte durant le
jour. Grâce à cette indulgence du ciel, Hellequin, dès le
chant du coq, quitte les étriers et va se reposer sous une
aubépine des fatigues de sa course nocturne. Il est assuré
d'y trouver un sommeil tranquille : l'aubépine, plante sacrée
chez les Celtes, possède encore, en certaines contrées, dans
la Sologne, par exemple, le privilège de préserver de la fou-
dre et des vimaires ceux qui se réfugient à son ombre (2).

       Dessoubs une espine vont Helequin trouuer.
       Dès que Richart le vit lujr alla demander
       Qui, sans congé, le faict en la forest entrer ?
       Amis, dist Helequin, tu le m'orras compter.

       Dieu qui est nostre maistre nous a donné congé
       D'aller toute la nuict, puis le soleil couché.
       Tant avons cheminé estant esmerueillez
       Que trestous nous en sommes honnis et traueillez.


                         (Rom. de Richart, Livr. des Lègend., 244.)


   Que grande est la différence entre le dédoublement du

  (1) Sur les fées et la maisnie Hellequin, ap. Le Roux de Lincy, Livr.
desLégend., 241, 242. —J.-J. Ampère, Histoire littér. de la France
ancienne avant le XIIe siècle, II, 178, sq. — A. Jubinal, Recueil de
cont., etc. 1, 284 et not.
  (2) Tradit. et usage de la Sologn., Mém. de l'Acad. Celt., 208 à 217.
— La dryade ou fée des bois, Viviane (de la Villemarqué, Contes des anc.
Bret.) résidait en Brécélien, sous une aubépine; et c'est là (le même,
Myrdhinn ou l'enchanteur Merlin) qu'elle fascina pour l'immortalité le
barde illustre, son maître et son ami.