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UNE
COURSE DE TAUREAUX
A SAINT-SÉBASTIEN
GRANDES CORRIDAS DE TOROS EN SAN SE-
BASTIAN ! Annonce tapageuse quoique non américaine,
mots magiques qui font tressaillir d'aise Espagnols et étran-
gers, Français compris, hélas! à trente lieues à la ronde!...
Cela est écrit en superbes lettres de couleur, au sommet
d'une affiche colossale où les mots semblent décupler d'im-
portance en s'allongeant à l'infini dans les méandres capri-
cieux d'une banderolle. Il y a là , en outre, comme com-
mentaire du texte — un commentaire pour les yeux — des
médaillons en bon nombre qui esquissent à l'avance les
principales péripéties des corridas ou courses prochaines : les
picadores aux prises avec le taureau furieux, les banderilleros
qui le harcellent, lepuntillero qu l'achève et bien d'autres
scènes encore. Un vrai tableau de genre et qui a son cachet
typique, sans être signé de Vélasquez.
Vous faites donc comme tout le monde, et, cédant à l'en-
gouement général, vous partez, le dimanche suivant, pour
cette heureuse plage qui a nom Saint-Sébastien.
Pas besoin d'ailleurs de rien changer à vos habitudes. Si
peu que votre estomac répugne aux procédés hâtifs des buf-
fets et lieux congénères, déjeunez tranquillement à votre
hôtel et jetez-vous, sans plus de préoccupation, dans le pre-
mier train du soir. L'Espagnol est pratique : pas plus que
l'Italien, vous ne le trouverez s'essoufflant en plein soleil !