page suivante »
DEUX AMITIÉS 227 — Ne parlons pas de cela, je vous prie. Ah ! pauvre en- fant ! Je vous ai fait tant de mal par mes dures paroles que si vous n'acceptez pas la petite somme nécessaire à votre voyage, je croirai que vous ne me voulez point pardonner. Chemin faisant, Marie, en causant avec Marianne, pro- nonça par inadvertance le nom de M mc Dermont, ce qu'elle avait évité jusqu'alors. — C'est chez Mme Mathilde Dermont que vous alliez, Marie. Béni soit Dieu que vous n'y soyez pas restée ! Je la connais, elle se sert chez moi; c'est une femme très légère,, et dont la société ne vous convient nullement. Quelques heures après, Mmc Desnoyelle, bien surprise du prompt retour de sa fille, écoutait son odyssée et fré- missait au récit de ses angoisses. IV Ainsi s'était écroulé tout l'édifice d'une amitié caressée pendant de longs mois, et qui avait rempli le cœur, l'esprit et les journées de Marie. Le coup était trop rude pour cette nature à la fois ardente et délicate. Les heures pour elle se traînèrent lentement. En vain la campagne avait revêtu sa parure du printemps, en vain la nature qu'aimait tant Marie, déployait toutes ses magnificences, le pauvre oiseau bleu ne chantait plus. Sa mémoire ne lui rappelait que les vers les plus mélancoliques de ses poètes favoris. Sans cesse, en tirant fiévreusement son aiguille, elle se répétait à elle- même cette strophe trop vraie, hélas ! de Reboul : La crainte est de toutes les fêtes : Jamais un jour calme et serein,