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2l8                     MAX CLAUDET

moyen de faire connaître, dans toute sa sincérité, l'homme
intime sous le masque de l'Institut.
   Mais, ce témoignage de reconnaissance ne suffisait pas à
Claudet. La ville de Lons-le-Saunier, dont le musée pos-
sède aujourd'hui les principales œuvres du grand artiste, a
fourni à son élève une nouvelle occasion de glorifier sa
mémoire et de populariser son nom. Sur l'une des places de
cette ville, qui désormais portera le nom de Perraud,
s'élève un monument composé d'une colonne en marbre
du Jura, exécutée d'après le projet d'un habile artiste,
M. Achille Billot, et d'un buste en bronze dû au ciseau de
Max Claudet : cette œuvre avait été fort remarquée au salon
de 1877.
   Le sculpteur salinois a perdu, l'an passé, le père qu'il
aimait tant. Alors, il s'est marié dans son pays. Ame libre
et fière, méprisant les faiseurs, quels qu'ils soient, notre
artiste continue à vivre dans sa chère retraite entre ses tra-
vaux et les amis qui le visitent. Libéral, il ne fait pas de
politique ; son art lui suffit, comme à Perraud. Mais, il a
cru sage de profiter de la dure expérience de son maître,
qui lui écrivait, quelque temps avant sa mort : « Je me
suis débattu dans le vide, pour m'habituer à en vivre. Je
suis bien puni d'avoir rêvé des choses insensées, quand le
bonheur était si près de moi... J'avais rêvé la fortune et le
bonheur qui s'ensuit, imbécile !... » Du reste, en demeu-
rant à Salins, Claudet suit, en quelque sorte, une tradition:
sans remonter aux Lhuillier et aux Landry, Dantan jeune et
Huguenin (de Dole) y ont passé quelque temps de leur
jeunesse.
   Préférant la solitude de la vraie campagne à l'agitation
banale de la petite ville, il sort le moins possible. La vie de
café, qui fut si funeste à Courbet, comme à tant d'autres
artistes, lui est odieuse ; ce qui ne l'empêche pas de rire de