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212 MAX CLAUDET vaient le peintre d'Ornans et le poète Max Buchon, qui tous deux sentaient merveilleusement la nature, laissèrent chez le jeune homme des germes qui devaient bientôt se développer. Mais, les séductions de la grande ville ne le captivèrent pas ; il ne ressentit, de loin, qu'un plus vif amour du sol natal et, comme tant d'autres Jurassiens qui ont pour leurs montagnes une sorte d'idolâtrie, il revint se fixer à Salins, qu'il n'a plus quitté que pour de rares voyages à Paris et en Italie. D'ailleurs, Max Claudet n'avait-il pas son père qui vieillissait là -bas, loin de lui, et que sa tendresse filiale de- vait entourer ? Puis, sa position de fortune ne devait-elle pas lui ôter le souci de gagner sa vie ? Et même, son art pouvait-il souffrir de cette détermination ? Pour lui, qui cherchait surtout à rendre par le ciseau l'originalité de sa province, n'allait-il pas retrouver sous ses yeux les modèles qu'il lui fallait, mieux vus et mieux compris, grâce aux en- seignements reçus ? Non, l'art n'y a rien perdu. De loin, Perraud continuait à exercer son influence sur son élève préféré, en échan- geant avec lui une correspondance suivie et tout amicale. Il cherchait à le mettre en garde contre l'abus qu'il pourrait faire de la fantaisie. Tandis que Courbet, ravalant tous les arts pour exalter le sien, répétait au jeune artiste que la sculpture était morte et lui conseillait de décorer des cheminées, le grand statuaire distinguait entre la peinture où « l'atmosphère ennoblit et complète la pensée » et la sculpture qui, selon lui, ne se prête pas à l'imitation de toutes choses : a Que l'on soit descendu, — disait-il, — des hauteurs du Pinde où l'on s'obstinait quand même à rester, pour entrer un peu plus dans la vie réelle, on a très bien fait ; mais, comme toutes ces oscillations hu- maines, une fois l'élan donné, on arrive à l'excès contraire. Chaque chose dans la nature a un rôle à remplir qui lui est plus ou moins cir-