Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
208                     MAX CLAUDET
s'enchevêtrent, les allées glissent entre des tapis de perven-
 ches et de renoncules ; çà et là, dans les pelouses, dans les
plates-bandes, aux tournants des massifs, des statuettes de
terre cuite se dressent sur des pieux ; à chaque pas, de déli-
cieux petits coins avec des bancs de chêne.
   Plus haut, la maison est construite en pierres nues, à un
étage, avec quatre ou cinq fenêtres de façade au couchant,
du côté de la route. Au-dessus de la porte, un bas-relief
représente une scène allégorique : l'Hospitalité. Deux petits
bâtiments isolés servent d'atelier et de musée. Et, dans la
petite cour, ornée aussi de bronzes et de terres cuites, poules,
pigeons, pintades gloussent et picorent, autour de Pataud,
magnifique terre-neuve blanc, laineux et doux comme un
mouton.
   Je venais, adressé à Max Claudet par un artiste de ses
amis. Le maître était dans son atelier : j'y grimpai par un
petit escalier couvert d'un avant-toit et, devant une tenture
soulevée qui sert de complément à la porte, je me trouvai en
face d'un homme de haute taille, blond, portant l'impé-
riale, le nez indépendant, ni droit ni retroussé, avec des
narines moqueuses et des yeux gris-bleus, limpides et
souriants, qui semblent refléter toute son âme.
   Il me fit un charmant accueil. Dès qu'il m'eût offert un
siège, Pataud, qui m'avait suivi, vint me lécher les mains ;
en même temps, un petit singe, gros comme un écureuil,
sautait des épaules du modèle, — une vieille femme assise,
— sur ma propre tête ei me faisait faire une grimace que je
trouvai reproduite, l'instant d'après, dans l'Enfant au singe.
Max Claudet me délivra et fourra l'animal dans son gilet,
en riant de bon cœur, d'un rire fin qui creusait deux fos-
settes dans ses joues.
   Le petit atelier prend jour au nord, par une large baie d'où
la vue s'étend sur les sommets de Belin et de Saint-André,