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172 LES ALFS DANS LE NORD issues de la décomposition du cadavre d'Ymir se déploie au-dessus de toutes les autres, au-dessus même d'Asgard, la ville ou sphère des Ases ( i ) . Le soleil, les planètes, les astres sans nombre en émaillent l'espace immense, dirigés dans leurs routes par les Alfs, moteurs des phénomènes de la lumière (2). A l'origine, ces mêmes Alfs possédaient la haute stature dont l'antiquité se plut à doter ses grands dieux : une circonstance fatale, s'il faut en croire une légende rapportée plus loin, les dépouilla, ainsi qu' Obé- ron, leur roi, de cet heureux avantage ; ils ne doivent donc pas être confondus avec les nains de naissance, les Dvergs et les génies noirs. Ces génies noirs, de quelque côté qu'on les envisage, for- ment le plus frappant des contrastes avec les Alfs. Ils se nomment Dock-, Dunck- « obscurs, » et Svart- noirs. » Com- poser, comme on le fait, leurs noms en Dunk-alfs, Svart- alfs, produit ces bizarres anomalies « obscurs-lumineux, » « noirs-radieux » (3) D'accord avec la tradition, l'Edda de Snorro départit en effet aux Dunks ou Dunkars un teint approchant de la nuance du goudron, la poix navale, un naturel susceptible, des façons d'agir peu bienveillantes à l'égard de l'humanité, et une ville en complète harmo- (1) Eichhoff, [Littéral, du Nord, 59. — On compte neuf sphères ou mondes. Volusp., st. 11: « Je me souviens de neuf mondes, de neuf orbes célestes ; » Vafthrudnis-mal, st. XXXXIII : Nia hom ec bernia Fyr niflhel nedan[ « J'ai parcouru neuf mondes Au-dessus du profond enfer. » (2) Snorr. Edd., Ap. Mallet, 117, adcalc. — Eichhoff, ouvr. cit., 61. (3) Par contre, les locutions composées islandaise liosdlfar, alle- mande lichtelfen « alfs de lumière » mènent à ce parfait pléonasme : « lumineux de lumière. »