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LES A 164 LFS EN EUROPE Il ne faut pas croire pour cela que le surplus de l'Europe soit dépourvu de traditions ou de monuments écrits relatiis à l'ensemble de la religion dont Odin fut la clef de voûte, à l'Asgard, son Olympe, et surtout au genre d'activité des Alfs, ses aimables coopérateurs ; mais, durant de longs âges et de fréquentes révolutions, ces monuments ont trop souffert dans leur contexture, ces traditions dans leur pureté, pour qu'il convienne de les employer seuls. Tout au plus sont-ce d'utiles auxiliaires des monuments multipliés et à peu près intacts, recueillis par la pieuse érudition du nord sur les divinités du ciel Scandinave. C'est donc, si l'on veut se faire une idée exacte de ces puissances célestes d'un autre âge, aux travaux des auteurs norrains qu'il faut avoir recours. Je n'y ai pas manqué pour ma part : à ces travaux si soigneusement amassés la pré- sente dissertation devra le seul fil qui pût la guider à travers les difficultés de sa route. J'ai dû me hâter toutefois : chaque jour qui s'en va emporte après lui un lambeau de coutume naïve, un fragment de superstition innocente. Le moindre souffle d'actualité qui passe sur nos cités, nos bourgades, nos plus humbles villages, arrache un dernier brin de verdure à l'arbre des souvenirs séculaires. Bientôt cet arbre, cette plantation de tant de nos ancêtres, ne sera plus qu'un tronc informe déshérité de parfums et de mur- mures ; et, à la place où ses rameaux s'étendaient, chargés d'adorables ouï-dires, le voyageur attristé « ne verra que la nuit, n'entendra que le silence. » Nous autres, pourtant, esclaves affairés que ballottent les mille tourbillons formés dans l'air ambiant des choses posi- tives, nous nous trouvons à chaque instant de nos vies, et sans nous en douter le moins du monde, aux prises avec des récits, des légendes, des façons de parler, de simples expressions même qui rappellent le temps lointain où les