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                       LES ALFS EN EUROPE                         165
premiers occupants de notre sol adressaient leurs hommages
à quelques-unes des divinités norraines, aux Alfs entre
autres.
   Pourquoi rester indifférents vis-à-vis de ce passé ? La
patrie du temps présent n'est pas toute la patrie : celle de nos
aïeux est à nous autant qu'à nos aïeux, et celle dont nous
jouissons à nos neveux autant qu'à nous-mêmes. Une telle
solidarité ne forme-t-elle pas le plus ferme anneau de la
chaîne des générations qu'un sol commun voit naître et
mourir ?
   J'ai toujours eu, pour moi, en grande vénération cette
devise du vieux Delarbre, l'auteur de la première flore de
l'Auvergne :

         Qui vivit in patria et patriam cognoscere temnit,
             Is mihi non civis, seà peregrinus erit.

  a. Celui qui, vivant dans sa patrie, dédaigne d'apprendre à connaître
sa patrie; celui-là n'est pas à mes yeux un citoyen, mais un
étranger. »


   Rien de vrai comme cette maxime : à tous ceux qui
recueillent les avantages du sol natal, elle indique nettement
leur devoir. Ce devoir, moi, j'ai cru le remplir en arrachant
aux catacombes imméritées de l'oubli quelques parcelles du
passé de nos provinces. Ce qui suit sur les Alfs et sur d'au-
tres divinités du même groupe théogonique est une de ces
parcelles. Je la livre à mes lecteurs moins comme un témoi-
gnage de savoir-faire que comme une preuve de mon zèle
envers la patrie commune. Pourtant, avant qne de com-
mencer, je me crois en conscience obligé de leur demander
pardon de les amener dans mon sujet par une avenue quel-
que peu encombrée de grec et de latin, une sorte d'entrée
de Ténare et d'Averne. C'est, je le sais, procéder en sens